Riche ou célèbre à tout prix.

Publié le 5 Janvier 2021

Hélène : Qu'est-ce que c'est?

Susy : C'est la nouvelle trouvaille. Il semblerait que pour devenir riche, il faille manger des excréments humains.

Hélène : Allez, n'exagère pas. Où as-tu trouvé cela? Ne me dit surtout pas que c'est vrai. 

Susy : Si, si. C'est bien la vérité et je peux même te dire où cela s'est passé si tu veux. 

Hélène : Te fatigue pas. Les plaisanteries ont une limite.

Susy : Mais je ne plaisante pas. Quel plaisir aurai-je à imaginer une chose aussi sordide? Cette histoire m'as été contée par une proche dont le fils de la voisine a été victime de cette pratique.

Hélene : Et qui est à l'origine d'une idée pareille?

Susy : Probablement un de ces gourous qui endoctrinent les personnes vulnérables en leur promettant monts et merveilles.

Hélène : Et ces personnes qui ont ingurgité cette saleté, savaient-ils que c'était des excréments humains?

Susy : Je me le demande aussi.

Hélène : Si cela est vrai alors c'est la chose la plus dégoûtante que j'ai jamais entendue. Je croyais qu'aucun être humain normalement constitué ne serait capable d'une telle énormité.

Susy : C'est révoltant, j'en conviens. 

Hélène : Que sont-ils devenus à la fin? Ont-ils reçu le maggot tant espéré?

Susy : Tu parles! Ils sont tous devenus fous sans même sentir l'odeur de l'argent.

Hélène : Je veux bien te croire mais c'est tellement invraissemblable que j'ai du mal à te capter.

Susy sort son téléphone et compose le numéro de Solange, la cousine qui lui a raconté cette histoire. Le téléphone sonne mais aucune réponse. Elle raccroche et se tourne vers Hélène d'un air interrogateur. 

Hélène : Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce que tu veux encore me sortir?

Susy : Rien. C'est juste que d'habitude quand j'appelle et que ça ne passe pas, il y a toujours cette voix de l'opératrice qui dit que "le correspondant est hors de la zone de couverture" ou que "le numéro est actuellement indisponible" ou que sais-je encore. Mais là, j'ai l'impression que le téléphone est fermé. Et quand c'est comme ça, ça m'inquiéte.

Hélène : Arrête de te faire du mauvais sang.

Susy : Tu veux bien attendre un peu que je réessaye dans cinq ou dix minutes. Qu'aurais-je fait si c'était un membre de ma famille?

Elle reprend son téléphone et compose à nouveau le numéro de Solange. Cette fois, à l'autre bout du fil, une voix retentit entre deux coupures. 

Susy : Solange? C'est Susy.

Solange : Susy, c'est toi, ma grande? Comment vas-tu? J'ai vu ton appel mais je n'ai pas pu te rappeler. Le réseau débloque depuis hier.

Susy : Je vais bien, merci.

Elle appuie sur le haut-parleur pour permettre à Hélène de suivre la conversation. Solange se lance dans une discussion dans leur langue maternelle. Au bout d'un moment, Susy l'arrête et lui demande de parler en français.

Susy : Dis-moi, peux-tu me raconter l'histoire de ce jeune dont tu m'as parlé hier. 

Solange : Oui bien sûr. La situation est devenue critique. Il y a encore deux autres cas dans le quartier et je me demande s'il n'y en a pas d'autres ailleurs.

Susy : Est-ce qu'ils ont pu raconter comment ils en sont arrivés là?

Solange : Selon la voisine, son fils lui aurait dit qu'un monsieur d'un certain âge a déposé des seaux remplis d'une substance, difficilement identifaible à distance. Puis debout, légèrement à l'écart, il interceptait tous les jeunes qui rodaient là et leur demandait d'avaler le contenu en échange des billets de banques déposés à côté de chaque seau.

Susy : Les a-t-ils forcés à manger?

Solange : Elle n'a pas précisé les circonstances dans lesquelles les choses se sont déroulées. Pas étonnant, dans tous les cas. Il y a trop de misère ici depuis les événements. Ce qui fait que de plus en plus de jeunes sont en errance.

Susy : Le fils de la voisine est aussi en errance?

Solange : Je n'en sais rien. La plupart des parents sont démunis et ont de moins moins de contrôle sur les gamins.

Susy : Et finalement, qu'est-ce qu'il passe avec le fils de la voisine? Quel est son état?

Solange : Il refuse de se vêtir et de s'alimenter et menace même de frapper tout personne qui ose l'approcher.

Susy : Il faut retrouver ce type pour éviter qu'il ne continue de sévir. C'est de l'empoisonnement. La police a-t-elle été prévenue? Solange, les choses sont suffisamment graves pour être tues. Et ces jeunes, ont-ils été conduits à l'hôpital? 

Solange : De quoi parles-tu? Qui vas oser appeler la police? Les gens n'ont plus confiance en la police, pas plus qu'en l'hôpital d'ailleurs. Quand vous allez dans un commissariat, on regarde en premier si vous pouvez leur glisser quelque chose. Et c'est pratiquement pareil pour l'hôpital. La première chose qui vous est demandée c'est l'argent, ensuite les diagnostics sont souvent faux et vous ne pouvez rien dire ou ils vous renvoient chez vous.

Susy: Oui mais cette fois, la situation est particulière. Tu imagines qu'ils auraient pu être détoxifiés? Fais quand même passer le message même si je crains que ça ne soit tard après tout ce temps. 

Elle raccroche et se tourne vers Hélène et lui demande si elle a suivi la conversation.

Hélène : C'est ahurissant! Jusqu'où les gens sont prêts à aller pour de l'argent?

Susy : De plus en plus de personnes se livrent à ces pratiques obscènes. Sais-tu que les sacrifices humains, en particulier des enfants, sont devenus monnaie courante?

Hélène : Toujours pour devenir riche? 

Susy : Absolument. Riche ou célèbre. Pire, les hommes politiques s'y adonnent sans sourciller. Selon un article de l'AFP publié dans le Figaro, le phénomène s'est accentué en Ouganda au point qu'une police spéciale anti-sacrifice humain a été créée pour combattre ces crimes qui augmentent particulièrement pendant les périodes électorales.

Hélène : Ces personnes n'ont-ils pas de gosses? Comment est-ce possible?

Susy : Ils recrutent des petites mains qui assassinent les gosses puis récupèrent le sang et les organes afin de pratiquer les rituels censés leur faire gagner les batailles politiques ou accroître leurs richesses. Tu vois maintenant pourquoi j'écris cette histoire?

Hélène : Ces pratiques n'honorent pas l'Afrique. De plus le sang appelle le sang, qui plus est lorsqu'il s'agit du sang d'innocents assassinés injustement. Et, pour revenir à cette police spéciale anti-sacrifice humain, qui arrête-t-elle? Parce qu'il ne faut tout de même pas oublier qu'il y a plusieurs protagonistes dans ces affaires et qu'arrêter simplement les assassins ne résoudra pas le problème. Il faut couper le mal à la racine. Quand à ceux qui défendent l'Afrique à corps et à cris, ils devraient combattre ces horreurs de toute leur énergie sans quoi l'image de cette de barbarie indescriptible leur sera renvoyée par le monde un jour. 

 

 

 

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