Comment s'occupe-t-on de l'Afrique?

Publié le 22 Décembre 2020

La "prise en charge" de l'Afrique, car c'est bien cela qu'évoque cette question, se fait au travers de cet outil primordial qui est l'aide au développement.

Eh oui, tel un enfant, un malade ou une épouse (dans certaines contrées ou dans certains contextes), l'Afrique se fait porter à bout de bras depuis des décennies. Et ce, grâce à cet outil communément appelé l'aide au développement. Une aide qui est censée la sortir de la pauvreté pour les uns ou permettre le rattrapage de son retard sur les pays développés, pour les autres. 

Mais qu'est-ce que l'aide au développement et comment fonctionne-t-elle?

L'aide au développement c'est "l'ensemble des ressources fournies aux pays en développement dans le but de déclarer le développement économique et d'améliorer le niveau de vie de leurs habitants." (le Monde diplomatique)

Ces ressources sont fournies par la plupart des pays développés regroupés au sein de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Créée en 1960, cette organisation a pour objectif "de promouvoir des politiques qui favorisent la prospérité, l'égalité des chances et le bien-être de tous." (OCDE) 

Les pays qui composent l'OCDE sont principalement ceux d'Europe de l'Ouest et aussi certains pays de l'est ayant intégré l'Union européenne après la chute de l'URSS, les Etats-Unis, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Turquie, le Mexique, la Colombie, le Canada, l'Australie, le Chili, la Corée du Sud et l'Israël. La contribution de chaque Etat est définie en fonction du PIB et l'aide est octroyée en fonction des critères définis par le Comité d'aide au développement mis en place à cet effet. C'est également ce comité qui établit la liste des pays bénéficiaires. 

L'aide peut être publique ou privée, bilatérale ou multilatérale. Elle est dite publique lorsqu'elle provient des Etats et des organismes mis en place par ces Etats. Elle est privée quand elle est attribuée par des institutions privées, ONG, fondations et autres. L'aide bilatérale passe directement d'un Etat à un autre Etat. Quant à l'aide multilatérale, elle se fait par le biais des institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale. Elle peut aussi provenir des collectivités territoriales des pays riches vers celles des pays pauvres dans le cadre de la coopération décentralisée. Elle consiste en des dons en nature ou en espèces, des prêts à taux réduits, des annulations de dettes. Mais elle se fait aussi sous forme d'assistance dite technique, voire de bourses d'études à l'attention étudiants des pays pauvres.

Enfin, l'aide peut-être liée ou non liée, c'est à dire que son attribution est soumise ou non à des conditions particulières, comme par exemple, l'instauration de la démocratie dans un pays ou le respect des droits de l'homme.

Comment cette idée s'est-elle implanté dans le champ de la politique internationale?

Pour comprendre l'émergence ("émergence", tiens tiens! ce mot ne vous dit rien? Je suis sûre que toutes les personnes qui s'intéressent à l'Afrique l'ont déjà entendu). Reprenons donc, pour comprendre l'émergence de cette idée dans la politique internationale des Etats nous allons une fois de plus considérer cette déclaration de Harry S. Truman, un autre ancien président qui n'est certes plus de ce monde mais dont les mots font toujours écho aujourd'hui : 

"Nous devons embarquer dans un ardent nouveau programme pour rendre les avantages de nos avancées scientifiques et progrès industriels disponibles pour l'amélioration et la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié de la population du monde vit dans des conditions proches de la misère. Leur alimentation n'est pas bonne. Ils sont victimes de maladies. Leur vie économique est primitive et stagnante. Leur pauvreté est un handicap et une menace à la fois pour eux-mêmes et pour les régions prospères. Pour la première fois dans l'histoire, l'humanité possède le savoir et l'habileté de soulager la souffrance de ce peuple"! (Revue de la régulation, Maison des sciences de l'homme)

Harry S. Truman est le 33è président des Etats-Unis. Cette déclaration faite en 1949, lors de son investiture à la Maison pour son deuxième mandat, a permis de mettre sous les projecteurs les problèmes auxquels étaient, et sont toujours confrontés les pays pauvres.

Que faut-il retenir de ce discours qui a conduit à la mise en place d'une loi sur le développement international (Act for International Development) en 1950?

Il s'agit de mettre en oeuvre des transferts de technologies pour permettre l'industrialisation des régions pauvres et générer la croissance économique, bien entendu et d'agir pour sortir les populations de l'extrême pauvreté. Et dernier point mais non des moindres, la crainte que le sous-développement ne provoque des déséquilibre dans les régions développées. Seulement, au vu de l'état actuel du monde, on ne peut tout de même pas s'empêcher de s'interroger sur l'efficacité de ces actions.

Quelques décennies auparavant, le Royaume Uni a institué une loi sur le développement des colonies. Mais attention, par développement des colonies, on n'entendait pas forcément le bien-être des colonisés comme le montre bien cette affirmation : "d'une façon ou d'une autre, coûte que coûte, le développement de toutes les formes de production primaire dans l'espace colonial [...] est [....] est une question de vie ou de mort pour l'économie du pays." (www.Heredote.net)

Développer les cultures, oui. Construire des infrastructures aussi. Mais tout ça, c'est pour ravitailler, soutenir l'économie de la puissance mère. Industrialiser les régions sous-développées pour garantir la sécurité des régions développées....et si des miettes peuvent tombées dans les mains des pauvres, tant mieux! Alors, aide ou intérêt? A vous d'en juger.

 

 

 

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