L'union sacrée
Publié le 11 Août 2020
La première chose que Yacouba fait en arrivant à son bureau le lendemain, c'est d'appeler Martine, la secrétaire de Rayam. Il faut vérifier d'où est parti le feu. Elle n'a pas la langue dans la poche et il espère obtenir quelques détails d'elle.
Martine : Allo, à qui ai-je l'honneur?
Yacouba : C'est Yacouba. Bonjour Martine. Comment vas-tu? Le patron est déjà là?
Martine : Ca va, mon frère. Le patron n'est pas arrivé. Il ne devrait pas tarder.
Yacouba : Je passerai tout à l'heure le voir. Préviens le dès qu'il arrive. Il raccroche le combiné et se précipite dans sa voiture pour aller rejoindre Sanya.
Yacouba : Bonjour madame. Le chef est là?
La secrétaire de Sanya : Oui monsieur, je vais vous annoncer. Au même moment, Sanya apparaît sur le seuil de la porte de son bureau et l'invite à entrer.
Sanya : As-tu du nouveau? On ne va tout de même pas rester là, les bras croisés, à attendre que notre tour vienne, non?
Yacouba : Tu as raison mais par où commencer. J'ai pensé qu'il nous fallait d'abord trouver de quoi il s'agit pour voir la tournure que prendra cette affaire dans les prochains jours mais aussi savoir d'où vient cette décision afin de nous organiser.
Sanya : Qui peut nous renseigner à ce sujet? J'espère que nous ne sommes pas tombés dans les griffes de l'opération Cobra. Parce que là tu peux crever, personne, pas même ton frère ou ta soeur de même mère et même père, ne lèvera le petit doigt.
Yacouba : On n'a pas d'autre choix que de mobiliser nos réseaux. Après tout, nous leur avions rendu service maintes et maintes fois. Il nous le doivent bien.
Sanya : La secrétaire de Rayam, l'as-tu contacté?
Yacouba : C'est la première personne que j'ai contacté ce matin, histoire de tâter le terrain. Elle m'a simplement dit que son patron n'était pas encore là et qu'il allait arriver d'un moment à l'autre. Soit elle n'est pas au courant de ce qu'il s'est passé hier; soit elle a peur de l'évoquer au téléphone. Dans tous les cas, c'est signe que le problème n'est pas parti de là car quoi qu'il se passe, Martine était tout à fait capable de glisser un ou deux indices en utilisant une de ces formules dont elle seule a le secret.
Sanya : Il faut agir vite. Passe la voir et explique lui clairement la situation. On va la mettre à contribution. Je suis sûr que nous pouvons compter sur elle. C'est quand même grâce à lui qu'elle a eu ce poste, non? Moi, je file discrètement au ministère. il y aura certainement quelqu'un dans le besoin d'arrondir ses fins du mois pour nous aider.
Ils partent chacun de leur côté mais une vingtaine de minutes plus tard, Sanya appelle Yacouba pour le conseiller de rebrousser chemin.
Sanya : Mon cher, inutile de t'aventurer là-bas. L'opération Cobra est dans les locaux. Je viens de recevoir l'information. C'est, semble-t-il, une opération ciblée en lien avec le projet de construction des centres de santé.
Yacouba : Tu veux parler du Programme national de santé public? Que s'est-il passé?
Sanya : Le chantier a été laissé à l'abandon depuis plusieurs mois. Et apparemment, les habitants des villages concernés ont eu l'idée de créer une association et ils ont appelé le numéro vert du ministère des finances. D'ailleurs, je me demande bien comment ces bougres d'analphabètes sont-ils parvenus à une idée pareille?
Yacouba : Ces fichus campagnards! Et dire que le Boss s'est déjà avoué vaincu et qu'on allait pouvoir dormir tranquille.
Sayna : Je parie qu'ils n'y sont pas arrivés seuls. Avant que je n'aille en prison -encore faut-il que l'enquête aboutisse- je remuerai ciel et terre pour retrouver les personnes qui les ont aidés. Et crois-moi, elles le paieront, d'une manière ou d'une autre, et leurs villageois avec.